l’adieu à Hubert Germain, dernier compagnon de la Libération

Seules 1 038 personnes, dont six femmes, ont reçu le titre de Compagnon de la Libération. Hubert Germain était le dernier d’entre eux. Jeudi,  Hubert Germain est inhumé au Mont Valérien

 

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Écoutons André Malraux :

« Dans le silence, le dernier Compagnon retrouvera le premier Compagnon.

Le dernier cercueil du Mont-Valérien ne sera pas non plus un cercueil solitaire, on ne le fermera pas seulement sur le dernier Compagnon : on le fermera aussi sur le dernier combattant de la 1ère Division Française Libre ou de la 2e Division Blindée, sur le dernier pêcheur breton qui amena des Français clandestins en Angleterre, sur le dernier cheminot qui paralysa provisoirement les V2, sur les derniers maquisards grâce à qui les Panzer d’Aquitaine n’arrivèrent pas à temps en Normandie, sur la dernière couturière morte dans un camp d’extermination pour avoir pris chez elle un de nos postes émetteurs.

Comme les gisants de la chevalerie morte écoutaient crépiter le bûcher de Rouen, tous, ceux qui se sont réfugiés dans l’âme de la France écouteront le marteau sur les clous funèbres. Des archers d’Agnatel aux clochards d’Arcole, de la Garde impériale jusqu’aux 300 000 morts du Chemin des Dames, des cavaliers de Reims et de Patay aux Francs-Tireurs de 70, montera le silence séculaire de l’acharnement.

Avec la phosphorescence des yeux des morts, ceux que l’on ne verra plus jamais veilleront notre dernier Compagnon – non pour son courage, mais parce que l’ouvrier qui clouera le cercueil le clouera sur la confuse multitude de tous les morts qui auront tenté de soutenir à bout de bras les agonies successives de la France.

Alors, la croix de Lorraine de Colombey, l’avion écrasé de Leclerc, la grand-mère corse qui cachait tranquillement le revolver de Maillot dans la poche de son tablier, le dernier cheminot fusillé comme otage, la dernière dactylo morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l’un des nôtres, confondrons leur ombre avec celle de notre dernier Compagnon. Et avant que l’éternelle histoire se mêle à l’éternel oubli, l’ombre étroite qui s’allongera lentement sur la France aura encore la forme d’une épée. »

André Malraux, texte transcrit par Michelle Michel, avec l’accord d’Albert Beuret (exécuteur testamentaire) d’après l’interview accordée à Madame Anglade, émission télévisée du 17 juin 1971.

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6 Femmes compagnons Berty Albrecht. Laure Diebold. Marie Hackin. Simone Michel- Simone Michel-Lévy. Émilienne Moreau-Évrard. Marcelle Henry.

73 étrangers (ou Français nés étranger), représentant 25 nationalités différentes, ont été faits Compagnon de la Libération. Le décret du 29 janvier 1941 prévoyait que les étrangers ayant rendu des services importants à la cause de la France libre pourraient recevoir la croix de la Libération, et seraient considérés comme membres de l’Ordre. Parmi les plus célèbres on peut citer :                                                                             Le général Dwight Eisenhower – Compagnon du 28 mai 1945- Sa Majesté Mohammed Ben Youssef (Mohammed V) – Compagnon du 29 juin 1945  _Sir Winston Churchill – Compagnon du 18 juin 1958- Sa Majesté George VI, Roi d’Angleterre – Compagnon du 2 avril 1960.

Cinq villes  Paris, Île-de-Sein, Nantes, Grenoble et Vassieux-en-VercorsIl  fut nommé compagnon de la Libération. De 1946 à 1948, le Rubis est utilisé comme sous-marin école à Toulon. Le Rubis a été désarmé le 4 octobre 1949 et coulé volontairement le 31 janvier 195818 unités militaires sont Compagnon de la Libération.
9 sont issues de l’armée de Terre, 6 de l’armée de l’Air et 3 de la Marine des Forces françaises libres. Elles ont reçu la croix de la Libération en raison de leur engagement collectif dès les débuts de la France libre et de leurs brillantes actions combattantes. Aujourd’hui, les membres de ces unités portent la fourragère de l’Ordre de la Libération.Les Compagnons de la Libération sont d’origine sociale, religieuse ou politique très variée. On trouve parmi eux des étudiants, des militaires, des ingénieurs, des paysans, des industriels, des hommes de lettres, des diplomates, des ouvriers, des membres du clergé, des tirailleurs africains, des magistrats ou encore des médecins.

Source:Musée de l’Ordre de la Libération

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