12 novembre 1970 à Colombey

 

 

 

Jeudi 12 novembre 1970 pour l’adieu a Charles de Gaulle décédé trois jours plus tôt, il n’y a, comme il l’a demandé, « ni président, ni ministres » mais la foule des « hommes et femmes de France ».

Huit trains, au départ de Paris, avaient été affrétés et sur ce chemin qui les mène en Haute-Marne, les passagers se retrouvent pour évoquer de Gaulle… Ils ne se connaissent pas mais partagent une émotion immense. Habillée de noire, une mantille de dentelle sur la tête, cette femme pleure. « Il était si bon, dit-elle, si brave. Qu’est-ce qu’il n’a pas fait pour nous ». « De Gaulle, pour moi, c’est un symbole, dit encore cette passagère du train. C’est un grand homme et jusqu’à la fin de mes jours, on le vénérera, mes enfants le vénéreront et dans l’histoire il laissera sa place ». Plus loin, seul, cet homme avec sur la tête son képi de garde champêtre a les yeux rougis de fatigue et de tristesse. « C’est une grosse peine… Une grosse peine » dit-il.

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40 000 à Colombey

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De fait, comme le racontent à l’époque les envoyés spéciaux de l’AFP, « ces obsèques furent telles qu’il les avait imaginées, lui qui en avait réglé l’ordonnance: d’une grande simplicité, mais aussi empreintes de grandeur et de majesté ».En cette journée décrétée jour de deuil national, il est 14h45 quand les deux battants du portail vert sombre de la Boisserie, propriété de Charles et Yvonne de Gaulle depuis 1934, s’ouvrent. « Le général quitte sa demeure pour la dernière fois. Il est là, dans la +bière des pauvres+ qu’il a voulue, enveloppé d’un simple drap tricolore frangé d’or, que le vent gonfle par instants.Le cercueil est posé sur un engin blindé de reconnaissance dont la tourelle a été enlevée », raconte l’AFP. Tout au long du parcours de 400 mètres qui conduit à faible allure le cortège funèbre jusqu’à l’église du village, où le général a encore assisté à la messe dominicale quatre jours plus tôt, une foule compacte d’anonymes, « envahissante et silencieuse ». Dans l’artère principale, rebaptisée dès son vivant rue du général de Gaulle, hommes et femmes sont affligés. Certains pleurent, d’autres se signent, quelques-uns encore, photographes en tête, sont juchés sur les toits des vieilles maisons.On note une forte proportion de jeunes gens et de jeunes filles », relate l’AFP. « Ce sont eux surtout qui lancent sous les roues du char, qui un bouquet, qui une branche de feuillages, qui une simple rose. Des brancardiers de la Croix-Rouge emportent sur un brancard un capitaine de chasseurs à pied qui, vaincu par la fatigue et l’émotion, s’est effondré ».

André Malraux et Romain Gary sont présents

« Sur le pas de sa porte, un vieillard se tasse un peu plus sur sa canne, essuyant une larme d’un revers de manche. François Machonnet regarde partir le voisin qu’il avait vu arriver au village il y 40 ans ». Une poignée de soldats des trois armes (air, terre, mer), des gendarmes et des Saint-Cyriens en grande tenue forment la haie d’honneur sur le passage du chef mort. Mais « sans musique, ni fanfare, ni sonnerie », comme l’a également exigé le défunt.

La famille et les proches suivent à bord de DS noires, avec en tête Yvonne, cachée par ses voiles de deuil, et leur gendre, le général de Boissieu. Leur fils Philippe, capitaine de vaisseau, est en tenue militaire. Les deux fidèles domestiques, Charlotte et Honorine, sont là elles aussi. Sur le parvis de l’église, alors que les cloches sonnent le glas, on aperçoit, parmi les compagnons de la  libération André Malraux et Romain Gary. office religieux n’est pas filmé mais la foule peut l’entendre via des haut-parleurs. A l’issue, la dépouille mortelle de l’Homme du 18 Juin portée par 12 jeunes gens volontaires du village, rejoint le petit cimetière qui jouxte l’église, pour sa mise en terre au côté de sa fille tant aimée Anne.

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Source:GEO (avec AFP)

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