JOSÉPHINE BAKER:
«Moi je n’ai fait que ce qui était normal» : Joséphine Baker, la résistante qui chantait
Le 31 mai 1968, Joséphine Baker (3e à partir de la gauche) était en tête d’un défilé de soutien au général de Gaulle. Cette manifestation avait rassemblé plusieurs milliers de personnes dans les rues de Périgueux..
© Crédit photo : Document archives départementales de la Dordogne
Début 1940, sur l’avis de Jacques Abtey, Joséphine Baker quitte Le Vésinet pour le château des Milandes en Dordogne où se formera autour d’elle un noyau de résistants.
Lorsque le général de Gaulle lance son appel du 18 juin 1940, elle accepte avec enthousiasme de servir de couverture à Jacques Abtey, qui a reçu pour mission de transmettre aux services de renseignement de la France Libre, soupçonnée par les Allemands de cacher des armes, Joséphine fait preuve d’un grand sang-froid lorsque ceux-ci demandent à perquisitionner sa propriété, alors qu’elle y héberge des résistants : « Je pense que Monsieur l’officier ne peut être sérieux. Il est vrai que j’ai des grands-parents Peaux-Rouges mais il y a bien longtemps qu’ils ont enterré la hache de guerre, et s’il y a une danse que je n’ai jamais dansé, c’est bien la danse de guerre. »
En juin 1941, Joséphine Baker tombe gravement malade. Son hospitalisation qui durera 19 mois ne met pas un terme à son activité de renseignement, bien au contraire puisque sa chambre devient un centre d’échanges d’informations secrètes. Elle s’emploie également à convaincre tous les officiels américains qu’elle rencontre de soutenir le général de Gaulle et la France Libre.
Lors du débarquement des Américains en Afrique du Nord, le 11 novembre 1942, elle quitte sa chambre d’hôpital pour vivre l’événement tant attendu.
A peine rétablie, Joséphine Baker part soutenir le moral des troupes et organise des spectacles en remettant à l’armée française l’intégralité de ses cachets. Entre 1943 et 1944, elle mettra à la disposition des œuvres sociales de l’armée de l’air plus de 10 millions de francs.
Voyant l’effet que produisent les concerts de Joséphine sur le moral des troupes, un officier américain lui propose de signer un contrat pour la durée de la guerre, ce qu’elle refuse en soulignant qu’elle est un soldat de la France Libre et qu’elle chante bénévolement pour l’armée française Elle se met à la disposition du Haut Commandement des troupes pour donner des spectacles partout où on lui demande d’aller, finançant elle-même ses tournées. Elle n’a bientôt plus un sou mais ne se plaint jamais, convaincue de se battre pour une cause juste.
Elle parcourt des dizaines de milliers de kilomètres en jeep à travers les déserts pour donner des spectacles dans les camps isolés de l’armée et dans les villes d’Alger, , partageant le quotidien des soldats avec ses risques et ses contraintes, au prix de sa santé. Lors de son passage à Alger en 1943, le général de Gaulle, reconnaissant, lui offre une petite Croix de Lorraine en or qu’elle vend par la suite aux enchères pour la somme de 350.000 francs au profit exclusif de la Résistance.Après avoir combattu l’occupation allemande en travaillant pour la Résistance, Joséphine Baker est, le 23 mai 1944, officiellement engagée pour la durée de la guerre à Alger, dans l’armée de l’air, et devient sous-lieutenant, rédactrice première classe, échelon officier de propagande. Elle débarque à Marseille en octobre 1944.De nouveau hospitalisée en 1946, elle reçoit alitée, en présence de Mme de Boissieu, fille du Général de Gaulle, la médaille de la Résistance des mains du Colonel de Boissoudy. Elle sera la première femme d’origine américaine à recevoir les honneurs militaires à ses funérailles en 1975.